Prédication – Matthieu 1:1–17

Titre : Une Généalogie Divine, Jésus, sommet de l’histoire

Pourquoi commencer un Évangile par une liste de noms ?

Ce que nous passons en silence, Dieu l’affiche en ouverture.

Ce que nous appelons annexe, Dieu le place fondation du livre de Matthieu. L’Eternel veut nous montrer quelque chose.

Prions :  Seigneur, ouvre nos yeux sur cette liste oubliée.
Fais-nous entendre ta voix au milieu des noms.
Et révèle-nous ton Fils, racine de notre espérance.
Amen.

Jésus vient au bout des six semaines d’histoire — six cycles de sept. Il est le septième sept. Le commencement du Jubilé.

Le Jubilé, c’est la libération des esclaves. Le retour à la maison.
La remise des dettes. La restauration du peuple.

Et voici que Jésus naît, parmi les pécheurs, au cœur d’une lignée brisée mais bénie.

Il porte dans sa chair le sang des nations : Canaanites, Moabites, Hittites… Tamar, Rahab, Ruth, Bath-Shéba.

Il est le Fils d’Abraham, non pour une seule tribu, mais pour toutes les familles de la terre.

Il est le Fils de David, non pour régner sur un trône d’ivoire,
mais pour porter une croix de bois.

Cette généalogie, c’est notre histoire racontée d’avance.
Et à la fin, Dieu y ajoute un nom : le tien, par la foi.

Lisons les Saintes-Ecritures.

1. Jésus est le Fils-Roi promis (v.1)

« Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham »

A. Une proclamation royale est annoncée dans les chiffres

Ce n’est pas un simple enchaînement de noms : c’est une architecture royale.

Matthieu insiste : trois groupes de quatorze générations (v.17).

Dans Matthieu 1:17, l’évangéliste dit qu’il y a :

• 14 générations d’Abraham à David,
• 14 générations de David à l’exil,
• 14 générations de l’exil à Jésus.

Ce qui veut dire qu’il y a une logique ! Maintenant, ce qu’il faut saisir, c’est : 

Pourquoi 14 ?
Premièrement le nom David, en hébreu a une valeur numérique de 14.

En hébreu, chaque lettre a une valeur numérique. Le nom David se compose de trois lettres : Dalet (ד) = 4 Vav (ו) = 6 Dalet (ד) = 4.

Donc 4 + 6 + 4 = 14.

La généalogie elle-même épelle le nom DAVID à chaque cycle.

Autrement dit : l’Ancien Testament attend un fils de David… et Matthieu montre ici, dans la structure même, que Jésus est ce Roi promis.
Il est l’accomplissement visible du plan invisible.

Mais ce n’est pas tout.

Matthieu donne 42 générations, 14 + 14 +14. 42 c’est 6 fois 7.

Dans la Bible, 7 représente la plénitude, le repos de Dieu.

Alors 6 fois 7, c’est comme 6 semaines d’histoire. Et Jésus vient au tout début de la 7e semaine, comme un nouveau commencement.
Dans l’Ancien Testament, après 7 cycles de 7 ans, c’était le Jubilé : les esclaves étaient libérés, les dettes annulées, chacun retournait chez lui (Lévitique 25).
Matthieu nous dit que Jésus est ce grand Jubilé. Il vient libérer, restaurer, ramener chez le Père. Il est le sabbat de toute l’histoire.

Dans la Bible, le chiffre 7 symbolise :

• Le sabbat, le repos.
• La plénitude, l’achèvement.
• Le Jubilé, qui vient après sept sabbats d’années (Lévitique 25:8-10), soit le 7e sept, le grand repos, la libération des esclaves, la remise des dettes, le retour à la maison.

Jésus arrive au début du 7e cycle, comme le sabbat de l’histoire.
Un nouveau commencement. Un Jubilé. Une libération des dettes, des chaînes et de l’exil.
Il est le repos d’Israël, le repos du monde.

Comprenez-vous mieux pourquoi commencer un Évangile par une liste de noms ?

B. Trois actes de l’histoire d’Israël

Matthieu découpe cette généalogie en trois grandes étapes, comme un drame en trois actes :

1. D’Abraham à David : La montée vers la gloire

• L’appel d’Abraham (Genèse 12) inaugure l’histoire du peuple de Dieu.
• Israël devient une nation.
• David, le roi berger, incarne le sommet de cette montée.

C’est l’établissement du royaume.

2. De David à l’exil à Babylone : La chute

• La royauté devient corrompue.
• Idolâtrie, injustices, infidélité.
• Le peuple est chassé de la terre promise, comme Adam hors du jardin.

D’ailleurs, Matthieu fait plus que résumer l’histoire. Il interprète aussi cette histoire.
Il omet volontairement plusieurs rois entre Joram et Ozias. Pourquoi ?
Car ce sont des rois associés à l’influence maléfique de la maison d’Achab, via Athalie fille de Jézabel.
Et comme l’auteur des Rois, Matthieu les efface du récit, c’est un jugement symbolique :
“Jusqu’à la 3e et 4e génération”, dit l’Éternel (Exode 20:5).
Le péché royal a laissé une trace mais la grâce a repris le fil.

Le trône est brisé. Le roi est captif. La lumière s’éteint.

3. De l’exil à Jésus : L’attente

• Des générations de silence, environ 400 ans depuis Malachie.
• Plus de prophètes.
• Plus de rois légitimes.

Et soudain… Jésus vient.
Il est le nouveau David, celui qui vient régner avec justice.
Il est le nouvel Abraham, source de bénédiction pour toutes les nations.
Il est le retour d’exil personnifié — Dieu qui revient habiter avec son peuple.

En lui, l’histoire reprend. Le Royaume est de retour. La paix aussi.

Ou es-tu dans cette liste ? Dieu ne t’a pas oublié

Tu vis peut-être un exil personnel :

• Une saison d’échec, de silence ou de solitude.
• Un temps où tes prières semblent perdues dans le ciel, perdues dans 400 ans de silence !

Mais Matthieu 1 te crie : Dieu tient les comptes. Il écrit l’histoire. Il n’a rien oublié.
Même dans les noms oubliés, dans les générations ternes, Dieu avance son plan.

Jésus est la preuve que :

• Dieu gouverne l’histoire, même dans les creux.
• Dieu honore ses promesses, même après des siècles.
• Dieu n’oublie pas les siens, même s’ils se sentent oubliés.

Alors lève les yeux.
Ce que tu vis maintenant n’est pas la fin.
Le Roi est venu. Il vient encore. Et il n’échoue jamais.

Que l’Eternel vous fortifiasse !

Ce Roi promis n’est pas venu pour s’entourer de nobles parfaits…
Il est venu plonger dans notre boue, entrer dans nos histoires tordues, revêtir notre honte.
Voici maintenant le Fils de la grâce, le Sauveur des pécheurs.

2. Jésus est le Fils de la grâce : Le Sauveur des pécheurs

« Juda engendra Pérets et Zérah de Tamar… Salmon engendra Boaz de Rahab… Boaz engendra Obed de Ruth… David engendra Salomon de la femme d’Urie… » (v.3–6)

A. Une lignée scandaleuse… par choix

La généalogie de Jésus aurait pu être « propre ».
Matthieu aurait pu ne citer que les grands noms, les figures nobles, les modèles de vertu.
Mais il ne le fait pas. Il insiste pour inclure des noms dérangeants.

Qui sont ces femmes que Matthieu mentionne ?

• Tamar : se fait passer pour une prostituée pour obtenir justice (Genèse 38).
• Rahab : prostituée de Jéricho, étrangère, menteuse, mais fidèle à Yahweh (Josué 2).
• Ruth : Moabite, peuple maudit (Deut. 23.3), mais fidèle et courageuse.
• Bath-Shéba : nommée ici comme « la femme d’Urie », pour rappeler l’adultère, le meurtre, la honte de David, qui a initié la chose.
• Et enfin Marie : une grossesse inexplicable, une réputation entachée… et pourtant, choisie par Dieu.

C’est volontaire.
Dieu ne cache pas les péchés de sa lignée.
Au contraire, il les éclaire, parce qu’il veut montrer la profondeur de sa grâce.

Christ vient du péché… pour sauver du péché. C’est pourquoi on peut dire que l’ADN de Jésus est rempli de grâce.

B. Un Messie qui assume nos fautes

Pourquoi ces noms ? Pourquoi ces histoires sombres ?

Parce que Jésus n’a pas honte de s’identifier à notre humanité déchue.
Il ne descend pas d’une lignée parfaite. Il porte déjà dans sa généalogie les blessures du monde.

• Des prostituées… des païens… des adultères… des rois corrompus…
• Et pourtant : voilà la lignée choisie par Dieu pour faire naître son Fils.

La grâce est inscrite dans la chair même de Jésus.
Ce n’est pas un bonus. C’est l’essence de l’Évangile.

Il ne vient pas dans un monde brisé… il vient du monde brisé.
Pour le racheter. De l’intérieur.

C. Une théologie incarnée

Cette généalogie est un sermon sur la justification par grâce.

• Personne dans cette liste ne mérite sa place.
• Plusieurs auraient dû être exclus.
• Mais ils sont là. Inscrits dans la lignée du Messie.

Le salut ne dépend pas du sang noble, mais du sang versé.
Le sang de Jésus rachète tous ceux dont le sang est entaché.

Paul dira plus tard : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » (Romains 5.20)
Matthieu l’illustre… avant même la naissance de Jésus.

Tu crois être trop sale ? Regarde cette liste.

Peut-être que toi aussi tu te dis :

• “Je suis trop cassé pour Dieu.”
• “Ma famille est un désastre.”
• “J’ai fait des choses impardonnables.”

Mais regarde cette généalogie. Les noms de pécheurs.

• Dieu y a inscrit les oubliés.
• Dieu y a inscrit les exclus.
• Dieu y a inscrit la grâce.

Si Jésus n’a pas eu honte de ses ancêtres, il n’aura pas honte de t’appeler frère.

« Car celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus d’un seul. C’est la raison pour laquelle il n’a pas honte de les appeler frères » Hébreux 2.11.

Si ces femmes ont leur place dans son histoire, tu as ta place dans son Royaume.

Tu n’es pas trop loin pour la grâce.

Pécheur ?
Tu es exactement le genre de personne que Jésus est venu sauver.

Comme le dit Paul :

“C’est une parole certaine et digne d’être reçue : Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs.” (1 Timothée 1.15)

Et ces pécheurs… ce ne sont pas seulement des fils d’Israël.
Ce sont aussi des étrangers, des oubliés des nations, des non-initiés. Car ce Sauveur n’est pas seulement le Roi d’un peuple…
Il est le Fils des nations, le Seigneur de tous.

3. Jésus est le Fils des nations : Le Seigneur de tous

« Salmon engendra Boaz de Rahab, Boaz engendra Obed de Ruth… » (v.5)

A. Un Messie avec du sang païen

C’est sans précédent : dans une généalogie juive, Matthieu inclut des femmes étrangères.
Et il le fait avec intention, presque avec insistance.

• Tamar : Canaanite.
• Rahab : habitante de Jéricho.
• Ruth : Moabite, descendante de Lot.
• Bath-Shéba : mariée à Urie le Hittite.

Qu’ont-elles en commun ?
Elles viennent des nations.
Et Matthieu les place dans la lignée même du Messie.

Cela veut dire une chose :
Le salut ne viendra pas seulement aux païens. Il vient aussi par eux.

Dieu n’a jamais eu un plan exclusivement juif.
Dès le début, les nations sont dans le plan, dans la lignée, dans le sang du Messie.

Les nations ne sont pas greffées à la dernière minute, ce n’est pas un plan B que Dieu ajoute après le dénie de certains juifs. Elles sont dans le tronc.

Dans la métaphore de l’arbre (Romains 11), Paul dit que les païens sont greffés sur l’olivier d’Israël. Mais Matthieu, avec sa généalogie, va encore plus loin : il montre que le tronc lui-même — Jésus — contient déjà des rameaux païens.

L’Évangile n’est pas une exportation du judaïsme.

C’est une promesse universelle, enracinée dans le sang même du Sauveur.

B. Jésus accomplit la promesse faite à Abraham

Le tout premier verset de Matthieu dit :

« Jésus-Christ, Fils de David, Fils d’Abraham ».

Et qu’avait promis Dieu à Abraham ?

« En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » (Genèse 12.3)

Jésus est le Fils d’Abraham, mais pas pour enfermer la bénédiction…
Il est Fils d’Abraham pour l’exporter à toutes les nations.

• Il est l’accomplissement de la promesse.
• Il est le rejeton d’Israël, mais pour faire entrer les Gentils.

La généalogie le prouve : l’universalité du salut est inscrite dès les premières lignes de l’Évangile.

C. Le Roi d’un Royaume sans frontière

Le message de Matthieu est clair :
Le Messie n’est pas un chef tribal, ni même un simple roi d’Israël.
Il est le Seigneur du monde entier.

Et c’est ce que Matthieu confirme dès la fin :

« Allez, faites de toutes les nations des disciples. » (Matthieu 28.19)

Du début à la fin, l’Évangile de Matthieu est une mission vers les nations.
Et la généalogie en est le prologue prophétique.

Ton sang ne détermine pas ton identité

Tu viens peut-être d’un autre peuple. D’une autre culture. D’un autre arrière-plan.

Mais voici la bonne nouvelle :
Jésus ne se bâtit pas un peuple selon la chair.
Il construit un peuple selon la foi.

Tu n’as pas besoin d’être juif. Ni parfait. Ni noble.
Tu as besoin de croire au Roi universel.

Galates 3.29 : « Si vous êtes à Christ, vous êtes donc la descendance d’Abraham. »

Dans le Christ, il n’y a plus ni Juif ni Grec. Ni homme ni femme. Ni libre ni esclave.
Il y a un seul corps, un seul peuple, une seule Église.

Ainsi

• Cette généalogie est universelle dans son ADN.
• Jésus porte déjà les nations dans sa lignée.
• Et aujourd’hui encore, il appelle tous les peuples à entrer dans sa famille.

Conclusion : Une généalogie qui change le monde

Nous avons commencé avec une simple liste de noms.
Mais en la lisant à la lumière de l’Évangile, cette liste est devenue un chant d’espérance.

• Jésus est le Fils-Roi promis,
  ➤ L’histoire d’Israël atteint son sommet en lui. Le Royaume est revenu. Le sabbat cosmique commence.
• Jésus est le Fils de la grâce,
  ➤ Il porte dans sa lignée des pécheurs, des scandales, des rebuts. Il n’a pas eu honte de leur histoire… il ne reniera pas la tienne si tu te repens.
• Jésus est le Fils des nations,
  ➤ Dès le premier chapitre, l’Évangile s’ouvre à tous. Il ne s’adresse pas à une ethnie, mais à l’humanité entière.

Cette liste est ton invitation.

Ce n’est pas une lignée fermée. Ce n’est pas un cercle réservé.
C’est un appel à entrer dans cette famille.

Crois aujourd’hui au Fils promis.

Entre dans sa lignée.

Ton nom aussi peut être inscrit.

Olivier Joseph Imbernon.