Dévotion

Proverbes 31 : Une femme vertueuse, un appel intemporel

Alors que je discutais sur X (anciennement Twitter) avec une personne bien intentionnée (atchoum), celle-ci m’a envoyé un article proposant une redéfinition de la femme vertueuse selon Proverbes 31 :  » La femme vertueuse selon proverbes 31 « 

Après lecture, un malaise m’a saisi. Cherche-t-on ici à réinterpréter le cadre biblique traditionnel pour l’adapter aux sensibilités modernes ?

Je vous invite à une réflexion en deux parties : 1) mon problème avec l’article, et 2) ma lecture du livre des Proverbes.

Mon but n’est pas d’attaquer l’auteur, mais d’examiner ses arguments à la lumière des Écritures. Je vais essayer d’être le plus bienveillant possible.

1- Mon problème avec l’article

Reprenons les 6 points de l’article.

1 ) Certes, Proverbes 31 s’adresse initialement à un fils, comme tout le livre des Proverbes (Pro 1.8, 1.10, 3.1, 4.20, 7.1). Cependant, l’Éternel a voulu inclure ce livre dans les Saintes Écritures, lui conférant une portée universelle. Limiter ce texte, ou ce livre aux hommes reviendrait à nier que la Parole de Dieu s’adresse à tous. Si les garçons étaient encouragés à mémoriser ce passage, cela n’exclut pas les filles de son exhortation. Dieu ne parle-t-il pas à tous par Sa Parole ? Bien sûr que si. Proverbes 31 est destiné à guider les hommes dans le choix d’une compagne vertueuse, mais aussi à offrir aux femmes un modèle de piété et de sagesse dans la vie de couple.

2) L’accent mis par l’article sur la dimension militaire de chayil (vaillante) semble dénaturer l’intention du texte. La force de la femme vertueuse réside dans son humilité, sa fidélité à Dieu et son service fidèle à sa famille et à sa communauté. Ce n’est pas une guerrière partant pour prendre du butin, mais une femme enracinée dans la crainte de l’Éternel.

3) Citer Ruth comme une eshet chayil non mariée et sans enfants ne remet pas en cause le cadre familial traditionnel décrit dans Proverbes 31. Ruth incarne des qualités louables, mais elle le fait dans une posture d’humilité (Ruth 2:2), cherchant à obtenir une faveur. Il est remarquable que l’Éternel attribue ce terme à Ruth dans un contexte différent, ce qui élargit notre compréhension des vertus bibliques. Toutefois, cela ne doit pas être interprété comme une tension ou une opposition avec Proverbes 31, mais plutôt comme une complémentarité qui souligne la diversité des rôles dans lesquels la piété peut s’exprimer.

4) Dire que Proverbes 31 est une norme poétique irréaliste est une sous-estimation de la puissance de la grâce. Ce passage illustre une vie sanctifiée par l’œuvre de l’Esprit, rendant ces qualités accessibles à toute femme pieuse en Christ.

5) Quant à l’idée que ce texte est une simple allégorie de Dame Sagesse, cela en oublie l’aspect concret. Proverbes 31 allie personnification de la sagesse et application pratique d’une femme, offrant un modèle concret de piété (voir deuxième partie).

6) Je ne ferai pas de commentaire.

Proverbes 31 célèbre une femme enracinée dans la crainte de l’Éternel, servant sa famille et sa communauté avec sagesse et fidélité.

Ce n’est pas un texte oppressif ou inaccessible.

Ce texte donne un exemple aux jeunes femmes qui peuvent être sans repères.

Mes soeurs, n’ayez pas peur d’embrasser cet appel ! Vous êtes précieuses aux yeux du Seigneur. Votre service, votre foi et votre humilité ne sont pas vains. Vous êtes appelées à refléter la gloire de Celui qui vous a créées, là où Il vous a placées. Dans chaque tâche, grande ou petite, dans chaque saison de vie, sachez que votre vie, vécue pour Sa gloire, porte un écho éternel. Prenez courage, car dans la crainte de l’Éternel se trouve la force, et dans Son amour, la liberté véritable. La femme vertueuse n’est pas votre ennemie mais votre meilleure inspiration.

2- Ma lecture du livre des Proverbes.

Ma lecture des Proverbes s’appuie sur l’analyse de Peter J. Leithart, The Dramatic Structure of Proverbs (1992).

À première vue, le livre des Proverbes peut sembler désordonné, mais il contient une structure puissante qui prend tout son sens en Proverbes 31. Leithart souligne qu’une clé pour comprendre une histoire est de saisir son début et sa fin.

  • La Genèse commence avec l’ordre donné à Adam de régner sur la terre et se termine avec un nouvel Adam, Joseph, régnant sur le plus grand empire du monde.
  • L’Exode débute par l’esclavage d’Israël et culmine avec la présence de Dieu descendant sur le tabernacle.
  • L’Évangile de Matthieu commence par la généalogie juive de Jésus, décrit son conflit croissant avec les dirigeants juifs, leur rejet, et se termine par l’ordre donné par Jésus à ses disciples de répandre l’Évangile parmi les nations.
  • Les Actes des Apôtres commencent par la Pentecôte à Jérusalem et se terminent avec Paul prêchant sans entrave à Rome.

De même, Proverbes commence par une instruction paternelle pour rechercher la sagesse et se termine par la célébration de la femme vertueuse, une personnification de Dame Sagesse. Ce livre raconte l’histoire d’un prince (le fils) qui doit choisir entre deux femmes symboliques : Dame Folie et Dame Sagesse.

Dès les neuf premiers chapitres, Dame Sagesse est dépeinte appelant les simples à abandonner leur folie et avertissant des conséquences de leur obstination (1:20-33). À l’inverse, Dame Folie, personnifiée par une femme adultère (9:13), mène à la honte et à la mort (2:16-18). Tout au long de ces chapitres, le père exhorte son fils à choisir la sagesse (3:13-18 ; 8:1-36) et le met en garde contre les séductions destructrices de la folie (5:1-23 ; 7:6-27).

Le chapitre final résout ce conflit en présentant l’excellente épouse. Elle incarne Dame Sagesse : une femme vertueuse qui apporte stabilité, prospérité et honneur au foyer royal. Ce prince, ayant résisté aux séductions de Dame Folie, choisit une épouse sage et pieuse, formant ainsi une maison royale, une image du Royaume de Dieu.

Cette histoire s’inscrit dans un cadre biblique plus large : le premier prince, Adam, a suivi la parole de sa femme séduite par le serpent (2 Cor. 11:1-3), ce qui l’a conduit à la mort. En revanche, le dernier Adam, Christ, a parfaitement obéi à la Parole de Son Père et s’est sacrifié pour racheter une épouse sans tache, l’Église. Aujourd’hui, Christ célèbre cette Épouse fidèle et glorieuse, un écho direct à l’excellente épouse de Proverbes 31.

Proverbes 31 n’est donc pas une simple allégorie. Il incarne un modèle concret, une vraie histoire pour le peuple de Dieu et un appel réel pour les fils de Dieu. Le livre enseigne à rechercher la sagesse, mais il nous rappelle aussi qu’un choix essentiel dans la vie est celui de l’épouse.

Ce passage, bien que typologique, ne reste pas abstrait. Il décrit une vraie femme, ancrée dans la crainte de l’Éternel, une bénédiction pour son mari, sa famille et sa communauté.

Angie, cette femme, par ce qu’elle fait et ce qu’elle incarne, est un exemple pour nous tous. Elle illustre, dans le rôle qu’elle joue, ce que nous sommes appelés à être en tant qu’Église au service du Christ. Mais elle est aussi l’accomplissement d’une femme qui aime et honore son mari.

C’est l’histoire d’un père sage et bienveillant qui enseigne à son fils que le choix d’une épouse dépasse le présent, impactant non seulement le bonheur de sa vie immédiate, mais également son avenir, son héritage spirituel et ses enfants.

Conclusion :

Proverbes 31 n’est pas simplement une réflexion poétique ou un idéal inaccessible. Il est un appel clair, ancré dans les Écritures, à embrasser la sagesse de Dieu dans nos choix de vie. Pour les hommes, c’est une invitation à discerner une compagne vertueuse, dont les qualités reflètent la sagesse divine. Pour les femmes, c’est un modèle inspirant qui offre une vision ancrée dans la crainte de Dieu, bien différente des standards éphémères que le monde cherche à imposer.

Joseph Imbernon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *