Prédication

Exode 34. Écoute le Vrai Médiateur.

Écoute le Vrai Médiateur (Ex 34).

Introduction

L’idolâtrie n’est plus un sujet à la mode. Tim Keller a parlé des « idoles du cœur », et le CREC nous offre des perspectives sur les idoles modernes.

Mais en lisant sur le veau d’or, j’ai ressenti un malaise profond. Je veux aborder aujourd’hui une forme d’idolâtrie subtile, produite par le peuple de Dieu lui-même : une idolâtrie « alliancielle, » une déviation collective du peuple de Dieu.

L’épisode du veau d’or en Exode 32-34 révèle notre tendance à créer des substituts au médiateur désigné par Dieu, Jésus-Christ.

Comme Israël, nous façonnons des intermédiaires à notre goût, au lieu d’écouter celui que Dieu a choisi. Le veau d’or est le « Genèse 3 » d’Israël, une rébellion qui expose leur cœur détourné vers des œuvres humaines.

La question demeure pour nous : quelle est l’idole que nous avons érigée, en tant qu’église, pour éviter d’écouter Dieu ? Tout ce qui nous éloigne de la vraie médiation de Jésus-Christ, tout ce qui nous empêche d’entendre la voix de Dieu à travers Sa Parole, devient une idole.

Exode 34 nous offre un remède à cette tentation, un rappel que Dieu ne tolère aucun substitut et que la vraie adoration est ancrée dans la Parole de Dieu et centrée sur Christ seul. -1 revenir à l’essentiel, 2- l’idolâtrie 3- vue et écoute

Levons-nous pour entendre les Saintes Ecritures. Exode 34

Première Partie : Le Renouvellement de l’Alliance – Revenir à l’Essentiel

Le chapitre 34 de l’Exode renouvelle l’alliance rompue.

Il est important de reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une alliance alternative, mais d’un renouvellement de l’alliance qui a déjà été conclue.

Dieu récrée les conditions de l’alliance, mais cette fois ci non plus avec tout le peuple comme nous l’avons vu la semaine dernière, mais uniquement avec Moïse (le Père ne fait pas une alliance directement avec le peuple non plus mais avec Jésus-Christ comme médiateur, qui fait médiation avec le peuple).

Dans le renouvellement de l’alliance en Exode 34, Dieu réitère essentiellement les quatre premiers commandements.

  1. Ne pas avoir d’autres dieux devant Lui.
  2. Ne pas faire d’images taillées.
  3. Ne pas prendre le nom de Dieu en vain.
  4. Se souvenir du jour du sabbat.

Le veau d’or était un problème vertical.

Pour rappel, le peuple d’Israël, impatient face à l’absence de Moïse, fabrique un veau d’or pour se rassurer et trouver un guide (Exode 32:1).

Le veau d’or représente un faux médiateur, une tentative de remplacer Moïse et la gloire de Dieu qu’ils ne voyaient plus, par quelque chose de tangible.

Dans Exode 34, Dieu rappelle qu’Il est un Dieu jaloux, ayant choisi Son peuple comme « fils premier-né » lors de la Pâque.

Tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu ; car l’Éternel (porte) le nom de jaloux, il est un Dieu jaloux. V14.

Tout aîné m’appartient v19.

Et il attend d’Israël qu’il lui reste fidèle, sans se tourner vers d’autres dieux ou idoles.

Les avertissements sont ciblés,

Tu ne te feras pas de dieu en métal fondu. V17

Tu ne feras pas de veau d’or !

Ce péché touche le deuxième commandement.

« Tu ne te feras pas d’image taillée, ni de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, en bas sur la terre, et dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne les serviras pas ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fais miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements. »
(Exode 20:4-6).

Lorsque nous lisons Exode 34.7, le lien saute aux yeux.

« qui conserve sa bienveillance jusqu’à mille générations, qui pardonne la faute, le crime et le péché, mais qui ne tient pas (le coupable) pour innocent, et qui punit la faute des pères sur les fils et sur les petits-fils jusqu’à la troisième et à la quatrième génération »

Les lois sur la fête des pains sans levain et les premiers-nés rappellent donc que le peuple appartient à Dieu. Elles illustrent le troisième commandement qui exige de porter le nom de Dieu de manière honorable, en vivant selon Ses exigences.

Ensuite, les versets 21 et suivants évoquent le sabbat, le 4ème commandement, un signe de l’alliance, rappelant aux Israélites de se souvenir de l’œuvre de Dieu dans la création et la rédemption, et de donner du repos à leurs serviteurs, comme Dieu leur a donné le repos.

Contrairement aux autres commandements qui abordent les relations humaines, les 4 premiers commandements se concentrent sur la relation directe entre Dieu et Israël, la relation compromise par le péché du veau d’or.

93. Comment divise-t-on ces Commandements?
En deux Tables; dont la première nous enseigne en quatre commandements, comment nous devons nous conduire à l’égard de Dieu: Et la seconde nous enseigne en six commandements, ce que nous devons faire à l’égard de notre prochain.

Ce renouvellement en Exode 34 souligne donc la nécessité de rester centré sur Dieu, sans substituts, pour maintenir la vraie adoration et l’alliance avec Lui.

Deuxième Partie : L’Idolâtrie et Ses Conséquences

Dieu rappelle dans notre texte que violer le deuxième commandement entraîne des conséquences graves, jusqu’à la troisième et la quatrième génération (Exode 20:5).

C’est le seul commandement qui explicite une malédiction.

Ceci devrait nous alerter.

L’idolâtrie n’est pas un simple écart de conduite, mais un acte de rébellion qui brise notre relation avec Dieu.

En nous accrochant à des substituts, nous risquons non seulement notre propre éloignement de Dieu, mais aussi d’entraîner nos enfants et petits-enfants dans cette même déviation. C’est un avertissement solennel sur la gravité de l’idolâtrie, qui ne se contente pas de toucher une seule vie, mais impacte toute une lignée.

Le péché d’idolâtrie n’est pas simplement une erreur mineure, c’est un rejet flagrant de Dieu et de Son autorité.

98. Mais ne peut-on pas tolérer des images dans les temples pour servir de livres aux ignorants?
Point du tout: Car nous ne devons pas prétendre être plus sages que Dieu, qui ne veut pas instruire son Église par des images muettes, mais par la prédication vivante de sa parole.

L’Église catholique romaine a souvent tenté de justifier sa déviation du deuxième commandement, insistant sur le fait que les images étaient simplement des « aides » à l’adoration.

Mais Dieu ne tolère aucune justification lorsqu’il s’agit de violer Ses commandements.

On n’en parle plus assez, mais nous le devons quand c’est nécessaire. Alors je ne vais pas me gêner.

L’une des pratiques les plus courantes chez les romains est le fait de toucher ou de baiser les statues de saints ou de Marie. Les fidèles croient que ce geste leur apporte des bénédictions ou les rapproche de Dieu.

Par exemple, on peut voir des pèlerins qui embrassent les pieds de la statue de Saint Pierre à Rome, au point que la pierre est usée par cette pratique.

C’est un veau d’or.

Dans de nombreuses fêtes romaines, des statues de la Vierge Marie ou de saints sont portées en procession dans les rues, souvent décorées de fleurs, de bougies et d’offrandes. Les fidèles inclinent la tête, s’inclinent ou se prosternent devant ces statues, comme si la statue elle-même possédait un pouvoir spirituel. Ils dépendent de ces objets.

C’est un veau d’or.

Les romains allument des bougies et prient en fixant des images, croyant que leurs prières sont plus puissantes de cette manière.

Cela revient à croire que ces images ont une sorte de capacité à canaliser la présence divine, ce qui viole l’idée que Dieu ne doit pas être représenté par des images taillées ou peintes.

C’est un veau d’or.

Des romains croient que toucher ou être en présence de reliques de saints peut apporter la guérison physique ou des miracles. Par exemple, il existe des pèlerinages à des églises où les ossements de saints sont exposés, et les gens espèrent obtenir des guérisons en les touchant ou en les priant.

Cette pratique reflète exactement l’erreur des Israélites qui ont fabriqué le veau d’or.

Ici je parle des romains car au nom de l’œcuménisme actuel on ne veut plus trop en parler, le deuxième commandement ? Oh ! Ce n’est pas si grave ! La Loi de Dieu peut s’adapter non ?

Mais on pourrait aussi parler du monde pentecôtiste, charismatique, dans l’utilisation de mouchoirs bénis, d’idolatrie d’imposteur créant de faux rôle de médiation ! Sans parler de toutes ces manifestations démoniaques, des chutes en arrière, des rires incontrôlés.

Mais que pourrait-être le veau d’or des réformés ? Car on pourrait lister le monde entier, qu’en est-il de nous ?

Il y a un sur intellectualisme de la foi, on peut idolâtrer la théologie elle-même, en considérant les confessions et les doctrines comme une fin en soi, plutôt qu’un moyen de connaître Dieu.

Il y a également un problème dans la reconnaissance sociale ou académique. Il existe cette tentation d’être intellectuellement respectable, ou culturellement pertinent vis-à-vis de nos semblables (Covid, LGBT, féminisme), alors tout en connaissant la Loi de Dieu, on va l’éclipser et entrer dans la compromission doctrinale, éthique, pour se faire accepter dans des cercles influents.

J’aimerais entrer plus profondément dans la clef de la compréhension de l’idolâtrie créé par le peuple de Dieu.

Troisième Partie : la Tension entre Vue et Écoute – La Clé de la Foi.

L’idolâtrie repose principalement sur une « religion de la vue. » Les gens cherchent des représentations visibles de la divinité pour se rassurer. Les Israélites ont créé un veau d’or parce qu’ils voulaient voir leur guide.

Soyons vigilant à notre vue ! Ce que nous voyons peut créer des illusions collectives !

La vraie foi repose sur l’écoute de la Parole de Dieu. Jesus-Christ se révèle à travers des mots, pas premièrement des images.

C’est en entendant la Parole que nous sommes transformés et que notre foi grandit (Romains 10:17 : « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ »).

La vue donne une illusion de contrôle. Les Israélites voulaient un veau d’or pour manipuler la présence de Dieu selon leurs termes.

Les images deviennent des outils pour « contrôler » ou accéder à la présence divine.

Moïse, après avoir écouté Dieu sur la montagne, est descendu avec un visage rayonnant (Exode 34:29). Ce n’est pas par la vue, mais par l’écoute et l’obéissance, que Moïse a été transformé.

La vraie transformation ne vient pas en fixant des images, mais en étant  exposé à la Parole de Dieu et la mettant en pratique.

C’est la différence entre une foi qui s’appuie sur la perception visuelle et une foi fondée sur la révélation auditive.

Les Saintes-Ecritures sont un « miroir » dit Jacques (1:23-25)

« Car si quelqu’un écoute la parole et ne la pratique pas, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel 24et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt comment il est. »

L’attrait du visible a toujours été une tentation pour le peuple de Dieu, cherchant à façonner une divinité à leur convenance.

Imaginez un enfant qui, jour après jour, serre un vieux nounours contre lui, persuadé que c’est son père. Chaque soir, il parle au jouet, lui confie ses peurs, ses joies, et s’endort en croyant qu’il est en sécurité dans les bras de son père.

Mais, malgré l’apparence de réconfort que le nounours lui offre, ce n’est qu’un substitut. Le père est là, juste à côté, prêt à l’enlacer, à lui parler, à l’écouter, à le protéger, mais l’enfant ne le voit pas. Il préfère le nounours qui ne bouge pas, qui ne parle pas, qui ne vit pas.

À chaque fois que le père tend les bras, l’enfant s’accroche encore plus fort à son jouet, de peur de perdre ce qu’il pense être réel. C’est une image poignante de l’idolâtrie : s’attacher à quelque chose de limité, de muet, de sans vie, alors que la source même de l’amour, de la sécurité et de la présence est là, juste à côté.

L’enfant finit par se sentir seul, car le jouet ne peut répondre à ses besoins, ne peut pas sécher ses larmes, ne peut pas lui dire « je t’aime ». Pendant tout ce temps, le père, le vrai, regarde avec douleur et patience, espérant que son enfant finira par lâcher ce substitut et se tourner vers lui. De la même manière, Dieu nous regarde avec amour, attendant que nous laissions tomber nos idoles et que nous nous tournions vers Lui, le seul qui puisse vraiment combler notre cœur.

En Exode 34:5-7, lorsque Dieu renouvelle l’alliance avec Israël, Il ne se révèle pas par une image mais par Ses paroles. Il proclame Son nom et Ses attributs à Moïse : « L’Éternel, l’Éternel, Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité… »

Cela montre que la connaissance de Dieu passe par l’écoute de Sa Parole, et non premièrement par des représentations visuelles.

Le Shema commence par l’injonction « Écoute, Israël »

« Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils. » Hébreux 1.1-2.

Jésus dit : « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. » Encore une fois, l’accent est mis sur l’écoute. La relation avec Jésus n’est pas basée sur une image visible, mais sur l’écoute de Sa voix. Jean 10.27

« Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. » Rom 10.17

Matthieu 11:15 – « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende »

Avant de commencer la parabole du semeur, Jésus commence par dire « Écoutez ! »

La première tentation d’Ève dans Genèse 3:1 commence par une remise en question de ce que Dieu avait dit : « Dieu a-t-il réellement dit ». Ensuite il fut agréable à la vue.

Cela veut-il dire que la vue est totalement mauvaise ? Non plus.

Jésus-Christ a dit aussi : Regardez les oiseaux du ciel, Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil ?, Levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson.

Dans les Écritures, la vue est utilisée comme un outil pour renforcer ce qui a été entendu.

Par exemple, les miracles de Jésus étaient des signes visibles qui confirmaient ses enseignements. En Jean 2:23, il est dit que « beaucoup crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait. » Les gens ont vu les actes puissants de Jésus, ce qui a renforcé la vérité de ce qu’ils avaient entendu.

Dans l’Ancien Testament, Dieu a donné des signes visibles comme l’arc-en-ciel après le déluge (Genèse 9:13), les tablettes de la Loi, le tabernacle, le temple afin de comprendre et rappeler les promesses et les commandements de Dieu.

Les disciples ont vu la transfiguration de Jésus sur la montagne (Matthieu 17:1-9), mais au final, la voix du Père a déclaré : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »

Le but ultime de la vision était d’amener à l’écoute et à l’obéissance du Fils !

Conclusion

Si l’idolâtrie et l’état de nos églises sont aussi lamentables aujourd’hui, c’est précisément parce que notre attitude face à l’écoute du Fils et la méditation de la Parole de Dieu est tout aussi défaillante.

Nous avons souvent remplacé l’écoute par le spectaculaire, le visible, ou le tangible, fabriquant ainsi des substituts qui nous rassurent temporairement, mais nous éloignent de l’intimité véritable avec Dieu.

La pression de l’opinion publique, les images et les messages omniprésents dans les médias mainstream et alternative deviennent alors nos nouveaux veaux d’or, notre nouvelle théologie, nous imposant une vision qui peut s’opposer à la vérité de la Parole de Dieu.

Refuser d’adopter cette vision coûte, et c’est ici que notre fidélité est mise à l’épreuve : suivrons-nous les idoles de ce siècle ou écouterons-nous la voix du vrai Médiateur, Jésus-Christ ?

C’est ici que l’appel d’Exode 34 résonne pour nous : revenir à la simplicité et la profondeur de l’écoute de Dieu, sans substitut, sans compromis. Car c’est dans cette écoute fidèle que nous trouverons la véritable fondation de notre foi et de notre adoration.

Olivier Joseph Imbernon

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