Sermon : Jean-Baptiste et la Préparation du Chemin du Seigneur
Texte : Luc 1:57-80
Introduction : Le Précurseur dans l’Histoire du Salut
Vous souvenez-vous de mon illustration hier sur le phare dans la tempête ? Pour continuer dans cet élan, avez-vous déjà assisté à l’éclat d’une aube après une longue nuit ? La lumière commence doucement, repoussant peu à peu l’obscurité. Cette image représente l’œuvre de Dieu à travers l’histoire : une lumière naît pour chasser les ténèbres. Mais avant l’aube, il y a souvent un messager. Dans le plan divin, ce messager fut Jean-Baptiste.
La naissance de Jean-Baptiste, relatée dans Luc 1:57-80, n’est pas qu’un simple événement familial. Elle est chargée de prophétie et de signes divins, inscrivant Jean dans l’histoire du salut comme celui qui prépare le chemin du Seigneur.
Aujourd’hui, à travers trois points, nous allons explorer comment Jean-Baptiste est telle cette lumière précurseur, annonçant la vraie lumière qui sauve, Jésus-Christ.
I. Jean-Baptiste : Le Prophète du Très-Haut
« Et toi, mon enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut. Car tu iras devant le Seigneur pour préparer ses voies, pour faire connaître à son peuple le salut par la rémission de ses péchés. » (Luc 1:76-77)
Jean-Baptiste occupe une place unique dans l’histoire du salut. Il est à la jonction entre l’Ancienne Alliance et la Nouvelle Alliance, servant de pont entre les prophètes de l’Ancien Testament et la venue du Messie.
Son rôle ne se limite pas à annoncer, mais à préparer, non seulement au niveau collectif pour Israël, mais aussi dans le cœur de chaque individu.
Car, dans toute grande œuvre, il y a une étape de préparation. Avant qu’un roi n’arrive dans une ville, ses serviteurs préparent les chemins. De la même manière, Jean-Baptiste est ce serviteur, le prophète du Très-Haut, qui prépare le monde à recevoir le Roi des rois.
1. Le nouvel Élie
Jean-Baptiste est souvent décrit comme l’Élie qui devait venir. Cette identification repose sur la prophétie de Malachie :
« Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que vienne le jour de l’Éternel. » (Malachie 4:5)
Dans l’Ancien Testament, Élie se distinguait par son zèle pour Dieu et sa confrontation directe avec l’idolâtrie.
Il a défié les prophètes de Baal sur le mont Carmel, prouvé la suprématie de Yahvé, et appelé le peuple à abandonner ses idoles pour revenir à Dieu (1 Rois 18).
De même, Jean-Baptiste prêche dans un contexte de ténèbres spirituelles, appelant Israël à la repentance.
Jean dans le rôle d’Élie :
- Élie a agi dans un contexte de compromis religieux sous le règne d’Achab et Jézabel, et Jean intervient dans un contexte de vide spirituel marqué par l’hypocrisie des pharisiens et la domination romaine.
- Comme Élie, Jean prêche dans un lieu isolé, le désert, symbolisant un retour aux fondements de la foi.
Jean n’accuse pas Israël d’idolâtrie extérieure comme Élie, mais va plus loin, il s’adresse à une idolâtrie plus subtile : celle du cœur. Il dénonce la suffisance spirituelle et l’idée que l’appartenance ethnique ou religieuse garantit le salut. Il proclame :
« Ne vous flattez pas en disant : Nous avons Abraham pour père. Car je vous déclare que de ces pierres, Dieu peut susciter des enfants à Abraham. » (Matthieu 3:9)
Jean rappelle que la préparation pour le Messie exige un changement intérieur. Il ne s’agit pas simplement de rites extérieurs, mais d’un vrai repentir.
2. Une mission prophétique centrée sur Jésus
Jean-Baptiste ne prêche pas pour lui-même, mais pour préparer le chemin du Seigneur, comme annoncé dans Ésaïe :
« Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez dans le désert une route pour notre Dieu. » (Ésaïe 40:3)
La clé du ministère de Jean est la repentance. Ce mot signifie littéralement « changer de direction ». Il dit au conducteur qui se dirige vers une falaise ! DEMI-TOUR ! Jean appelle à un renversement des priorités, à une rupture avec le péché et à un retour sincère vers Dieu.
Son baptême d’eau symbolise cette purification. Mais Jean sait que son ministère est incomplet sans Jésus, celui qui baptisera du Saint-Esprit (Marc 1:8).
Alors que Jean attire des foules dans le désert, il aurait pu chercher à bâtir son propre royaume. Mais il dit : ‘Il faut qu’il croisse, et que je diminue.’ (Jean 3:30). Il nous enseigne que notre mission n’est pas d’attirer les regards sur nous, mais de les diriger vers Christ.
Jean se reconnaît indigne même de délier les sandales de Jésus (Jean 1:27), une tâche réservée aux esclaves.
De plus, Jean-Baptiste désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. » (Jean 1:29)
Avec cette déclaration, il relie le ministère de Jésus à l’histoire du salut.
Jésus est l’accomplissement des sacrifices de l’Ancienne Alliance. Jean voit en Jésus celui qui portera le fardeau du péché, non seulement d’Israël, mais du monde entier.
Application : Être un témoin de Christ
Jean-Baptiste nous laisse un modèle à suivre. Préparer le chemin du Seigneur, c’est vivre et proclamer la vérité de Jésus-Christ. Cela demande :
- Tout comme Jean appelait à la repentance, nous sommes appelés à examiner nos vies et à nous détourner de tout ce qui nous éloigne de Dieu.
- Jean ne cherchait pas à attirer les regards sur lui. Il pointait toujours vers le Messie.
- Jean n’avait pas peur de dénoncer le péché, même face aux puissants comme Hérode. Sommes-nous prêts à défendre la vérité de l’Évangile, même lorsque cela est impopulaire ?
II. Le Chant de Zacharie : La Visite et le Salut de Dieu (Luc 1:68-75)
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, car il a visité et racheté son peuple. »
Après des mois de silence, Zacharie parle enfin. Mais ce ne sont pas des mots de plainte ou de peur. Ses premières paroles sont une explosion de louange et de prophétie. Son silence avait préparé son cœur à voir l’œuvre de Dieu.
Dans ce cantique, Zacharie, rempli du Saint-Esprit, exprime sa reconnaissance pour l’œuvre salvatrice de Dieu. Ce n’est pas seulement un acte de louange, mais une prophétie qui révèle la fidélité de Dieu et la profondeur de son plan de salut.
1. L’Exode renouvelé
Zacharie, en prononçant ces paroles, regarde à la fois vers le passé et vers l’avenir. Il établit un parallèle entre l’œuvre de Dieu dans l’Exode de l’Ancien Testament et la délivrance spirituelle qu’apportera Jésus-Christ.
- L’Exode ancien : Une libération physique
- Dans l’Ancien Testament, Dieu libère Israël de l’esclavage en Égypte. Il intervient puissamment pour briser le joug de Pharaon, ouvrant la Mer Rouge et conduisant son peuple vers la Terre promise (Ex 12-14).
- Cette délivrance est une démonstration de la fidélité de Dieu envers son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Zacharie s’inscrit dans cette continuité en mentionnant explicitement le serment fait à Abraham (Luc 1:73).
Le nouvel Exode : Une libération spirituelle
- Lorsque Zacharie dit : « Il nous sauve de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent », il ne se limite pas à des ennemis terrestres comme les Romains. Il parle des véritables ennemis de l’humanité : Satan, le péché et la mort.
- Jésus accomplira ce nouvel Exode par sa mort et sa résurrection, brisant les chaînes de l’esclavage spirituel. Comme Moïse a conduit Israël à travers la Mer Rouge, Jésus nous conduit à travers les eaux du baptême vers une vie nouvelle, non pas seulement en Terre promise, mais dans le royaume éternel.
Un Dieu qui visite son peuple
- Le mot « visite » évoque un thème de l’Ancien Testament. Tout comme Dieu a « visité » son peuple en Égypte pour le délivrer (Exode 3:16), il le fait à nouveau en envoyant Jésus-Christ. Cette visitation n’est pas seulement une observation distante, mais une intervention directe pour racheter.
2. La promesse de bénédiction
Le cantique de Zacharie est rempli de termes qui expriment la fidélité et la puissance de Dieu. Chaque mot est une proclamation de l’accomplissement des promesses de l’Ancienne Alliance.
- La corne de salut (Luc 1:69)
- L’image de la « corne ». Dans l’Ancien Testament, la corne est souvent associée à la force et au pouvoir divins (Psaume 18:3). On l’avait vu dans l’Exode, « prendre la corne », c’est demander la justice de Dieu devant celle des hommes. En parlant de la « corne de salut », Zacharie pointe vers un sauveur puissant, issu de la lignée de David (2 Samuel 7), qui écrasera les ennemis spirituels.
- Un salut complet
- Le salut que Zacharie prophétise n’est pas uniquement spirituel, mais total. Il englobe l’âme, le corps et l’esprit. Ce salut touche toutes les dimensions de l’existence humaine, offrant une réconciliation avec Dieu, une paix intérieure et, un jour, une restauration complète de toute la création.
- Un Dieu fidèle à son alliance
- Zacharie insiste sur le fait que ce salut est une manifestation de la fidélité de Dieu à son alliance. Dieu n’oublie jamais ses promesses. Il agit selon son plan, en accomplissant ce qu’il avait promis à Abraham et à ses descendants.
Application : Entrer dans le nouvel Exode
Zacharie ne chante pas que pour son époque. Son cantique nous interpelle encore aujourd’hui. Nous sommes dans ce nouvel Exode en Christ.
- Jésus nous délivre des chaînes du péché, de la peur de la mort et des mensonges de Satan. Il est venu pour nous offrir une liberté totale, non pas par nos efforts, mais par sa grâce.
- Ce salut n’est pas seulement une délivrance, mais un appel. Nous sommes libérés pour vivre une vie dédiée à Dieu. Comme Zacharie le proclame : « Afin que nous puissions le servir sans crainte, dans la sainteté et la justice tous les jours de notre vie. » (Luc 1:74-75)
- Bien que Christ ait offert cette liberté, nous pouvons parfois rester attachés à nos chaînes. Le cantique de Zacharie nous appelle à examiner nos vies. Sommes-nous encore captifs de ces chaînes, ou marchons-nous dans la liberté que Christ offre ?
III. Le Lever du Soleil d’en Haut : Une Nouvelle Aube pour le Monde (Luc 1:78-80)
« Grâce aux entrailles de la miséricorde de notre Dieu, par lesquelles le soleil levant nous a visités d’en haut. »
Le cantique de Zacharie culmine avec une vision prophétique du salut apporté par Jésus-Christ. L’image du « soleil levant » évoque la venue d’un Sauveur qui éclaire les ténèbres et guide l’humanité vers la paix. Chaque matin, le lever du soleil nous rappelle que Dieu renouvelle sa grâce. À travers cette métaphore, Zacharie annonce une transformation pour un monde plongé dans l’obscurité spirituelle.
1. La lumière dans les ténèbres
Il décrit la venue de Jésus comme un lever de soleil, une image tirée de l’Ancien Testament, dans Malachie 4:2 :
« Pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice se lèvera, avec la guérison dans ses ailes. »
- L’aube comme symbole de renouveau
- Après la nuit, l’aube marque le début d’un nouveau jour. Cette image symbolise un nouveau départ pour l’humanité. Jésus est cette lumière qui vient éclairer les cœurs brisés et chasser les ténèbres du péché.
- Tout comme l’aube apporte clarté et direction, Jésus illumine nos vies, révélant la vérité et offrant un chemin vers Dieu.
- La typologie de la lumière
- Tout au long des Écritures, la lumière pointe la présence de Dieu et son salut. Dans És 9:2, il est dit : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort, une lumière a brillé. » Cette prophétie s’accomplit pleinement en Jésus-Christ, qui se présente lui-même comme « la lumière du monde ».
2. Le désert comme lieu de préparation
Le texte de Luc note que Jean a grandi dans le désert (Luc 1:80). Ce détail, apparemment anodin, est profondément significatif. Dans la Bible, le désert est souvent un lieu de transformation, de dépendance envers Dieu et de préparation pour des missions importantes.
- Les exemples bibliques du désert
- Moïse : Avant de devenir le libérateur d’Israël, Moïse a passé 40 ans dans le désert, une période de formation et d’humilité (Exode 3).
- Élie : Dans 1 Rois 19, Élie rencontre Dieu dans un murmure doux et léger au désert, un rappel que Dieu façonne souvent son peuple dans des moments de silence et de solitude.
- Jésus : Avant de commencer son ministère, Jésus passe 40 jours dans le désert, où il est confronté à la tentation, mais où il confirme sa dépendance totale envers le Père (Matthieu 4:1-11).
- Jean dans le désert
- Le désert devient pour Jean un lieu de préparation spirituelle. Loin des distractions du monde, il développe une intimité profonde avec Dieu. C’est dans cet isolement que Jean est façonné pour devenir la voix puissante qui appelle Israël à la repentance.
- Le désert comme métaphore spirituelle
- Dans notre vie, nous traversons parfois des « déserts spirituels » : des moments de solitude, de doute ou de difficulté. Mais ces saisons ne sont pas inutiles. Elles sont souvent des périodes où Dieu travaille en nous pour nous purifier, nous enseigner la patience et nous préparer pour son œuvre.
Zacharie, dans son cantique, nous invite à reconnaître Jésus comme la lumière qui éclaire nos ténèbres. Mais il nous encourage aussi à voir nos « déserts » comme des lieux de transformation divine.
- Si tu es dans un désert spirituel
- Ne désespère pas. Les périodes de désert peuvent sembler stériles et infructueuses, mais elles sont souvent les moments où Dieu agit le plus puissamment. Il utilise ces temps pour façonner notre caractère et approfondir notre dépendance envers lui. Comme il l’a fait avec Moïse, avec Elie ! Dans le désert, nous sommes dépouillés de tout ce qui distrait, forcés de dépendre entièrement de Dieu. Jean n’a pas fui son désert, et toi non plus, ne fuis pas. Laisse Dieu t’y préparer, t’y fortifier.
- Cherche sa lumière
- Jésus est venu pour éclairer « ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort » (Luc 1:79). Dans tes moments les plus sombres, rappelle-toi que Jésus est cette lumière. Approche-toi de lui par la prière, la méditation des Écritures et la confiance en ses promesses.
- Prépare-toi à marcher dans sa lumière
- Tout comme Jean a été préparé dans le désert pour sa mission, Dieu nous prépare peut-être aujourd’hui pour quelque chose de grand. Laissons-lui l’espace pour travailler dans nos vies, même si tu ne comprends pas encore son plan.
Conclusion : Préparez le Chemin du Seigneur
Jean-Baptiste nous rappelle la fidélité de Dieu, l’importance de la repentance et la puissance de la lumière du Christ dans nos vies. Il a préparé le chemin pour le Messie, et aujourd’hui, nous sommes appelés à faire de même dans nos cœurs et autour de nous.
Appel :
Que ta vie reflète Christ, que tes choix proclament sa grâce, et que tu sois une lumière dans les ténèbres. Prépare le chemin du Seigneur, non pas pour ta gloire, mais pour la sienne.
Prière :
Seigneur, fais de nous des messagers fidèles, prêts à préparer le chemin pour toi. Illumine nos vies et fortifie nos cœurs pour te servir avec audace et humilité. Amen.
Olivier Joseph Imbernon.