Bien qu’Augustin et Thomas d’Aquin partagent certains points communs dans leur manière de défendre la foi chrétienne, ils diffèrent significativement dans leur méthodologie et leurs fondements philosophiques. Voici pourquoi ma préférence se porte sur Augustin.
Augustin d’Hippone
Augustin a été profondément influencé par les idées de Platon. Il a adopté la perspective que les réalités les plus profondes sont immatérielles et spirituelles, accessibles par la révélation divine plutôt que par les sens. Pour Augustin, la foi est la porte d’entrée de la compréhension, une idée qu’il résume dans sa célèbre maxime « Je crois pour comprendre » (credo ut intelligam). Cette approche valorise une foi en Jésus-Christ qui transforme intérieurement, répondant aux besoins profonds de sens et de connexion avec Dieu.
Thomas d’Aquin
En contraste, Thomas d’Aquin a adopté les méthodes d’Aristote, mettant l’accent sur l’observation directe et l’analyse rationnelle. Il a développé des arguments pour démontrer l’existence de Dieu, tels que ses fameuses « cinq voies », qui cherchent à établir un fondement rationnel pour la foi. Thomas croit que la compréhension précède la foi, une approche qu’il encapsule dans la maxime « Je comprends pour croire » (intelligo ut credam). Cette méthode vise à construire un pont entre la raison et la foi, accessible même aux non-croyants.
Apologétique Présuppositionnelle
Augustin, avec ses notions de connaissance innée de Dieu et de la dépendance de la raison à la révélation divine, touche à des thèmes chers à l’apologétique présuppositionnelle. Cependant, il met également en garde contre une foi uniquement intellectuelle, soulignant le besoin d’une illumination de Dieu pour une compréhension complète et vivante de la vérité.
Conclusion
La transformation par la grâce de Dieu, telles que soulignées par Augustin, résonnent particulièrement en moi, ce qui justifie pourquoi je préfère Augustin à Thomas d’Aquin. Il n’est probablement pas anodin que Luther, lui-même, ait été profondément influencé par Augustin plutôt que par Thomas d’Aquin dans sa quête de réforme.
Joseph Imbernon