Le texte des Canons de Dordrecht est mis à disposition par les Éditions Kerygma, en 8 articles sur ce blog, article 1, article 2.
I – LA PREDESTINATION,
L’ELECTION ET LA REPROBATION
Le premier point de doctrine concernant la prédestination, l’élection et la réprobation
I.
Du fait que tous les hommes ont péché en Adam, et se sont rendus coupables de la
malédiction et de la mort éternelle, Dieu n’eût fait tort à personne s’il eût voulu
laisser tout le genre humain dans le péché et la malédiction, et le condamner à
cause du péché, suivant ces paroles de l’Apôtre: Tout le monde soit reconnu
coupable devant Dieu… Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rm
3:19, 23). Et: Car le salaire du péché, c’est la mort (Rm 6:23).
II.
Mais l’amour de Dieu a été manifesté en ceci: qu’il a envoyé son Fils unique dans
le monde, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie
éternelle (1 Jn 4:9; Jn 3:16).
III.
Or, pour amener les hommes à la foi, Dieu envoie bénignement les hérauts de cette
joyeuse nouvelle à ceux qu’il veut, et quand il veut, par le ministère desquels les
hommes sont appelés à la repentance et à la foi, en Jésus-Christ crucifié. Et
comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Et comment
entendront-ils parler de lui, sans prédicateurs? Et comment y aura-t-il des
prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés? (Rm 10:14-15)
IV.
Ceux qui ne croient point à cet Evangile, la colère de Dieu demeure sur eux; mais
ceux qui le reçoivent et embrasent le Sauveur Jésus d’une vraie et vive foi, sont
délivrés par lui de la colère de Dieu et de la perdition, et sont faits participants de la
vie éternelle.
V.
La cause ou la coulpe de cette incrédulité, non plus que de tous les autres péchés,
n’est nullement en Dieu, mais en l’homme. Mais la foi en Jésus-Christ, et le salut
par celui-ci, est un don gratuit de Dieu, comme il est écrit: C’est par grâce en effet
que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le
don de Dieu (Ep 2:8). De même: Il vous a été fait de la grâce de croire en
Christ (Ph 1:29).
VI.
Quant à-ce que Dieu donne en son temps la foi à certains et ne la donne point aux
autres, cela procède de son décret éternel. Car le Seigneur fait ces choses « connues
de toute éternité » (Ac 15:18); et: Il opère tout selon la décision de sa volonté. (Ep
1:11)
Selon ce décret, Dieu amollit par grâce le cœur des élus, quelque durs qu’il soient,
et les fléchit à croire; mais, par un juste jugement, il laisse ceux qui ne sont point
élus dans leur méchanceté et leur dureté. C’est ici que se découvre principalement
le profonde, miséricordieuse et pareillement juste distinction entre des hommes qui
étaient également perdus; ou encore le décret de l’élection et de la réprobation
révélé dans la Parole de Dieu; décret que les pervers, les impurs et les mal assurés
tordent pour leurs perdition, mais qui donne une consolation indicible aux âmes
saintes et religieuses.
VII.
Or, l’élection est le propos immuable de Dieu, par lequel, selon le très libre et bon
plaisir de sa volonté, par pure grâce, il a, en Jésus-Christ, élu au salut avant la
fondation du monde – d’entre tout le genre humain déchu par sa propre faute de sa
première intégrité dans la péché et la perdition, – une certaine multitude d’hommes,
ni meilleurs ni plus dignes que les autres, mais qui, avec ceux-ci, gisaient dans une
même misère.
Ce même Christ, Dieu l’a aussi constitué de toute éternité Médiateur et Chef de tous
les élus, et fondement du salut. Ainsi, Dieu a décidé de les donner au Christ pour
les sauver, de les appeler et tirer efficacement à la communion du Christ et par sa
Parole et par son Esprit; autrement dit, de leur donner la vraie foi en lui, de les
justifier et sanctifier, et, après les avoir puissamment conservés dans la communion
de son Fils, de les glorifier finalement, pour la démonstration de sa miséricorde, et
à la louange des richesses de la gloire de sa grâce, selon qu’il est écrit: Dieu nous a
élus en Christ avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans
défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés par Jésus-Christ a être
adopté, selon le dessein bienveillant de sa volonté, pour célébrer la gloire de sa
grâce, qu’il nous a accordée en son Bien-Aimé (Ep 1:4-6). Et ceux qu’il a
prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés; et
ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés (Rm 8:30).
VIII.
Cette élection n’est point de plusieurs sortes: elle est une seule et même élection de
tous ceux qui seront sauvés, dans l’Ancien et le Nouveau Testaments, attendu que
l’Ecriture prêche un seul bon plaisir, propos arrêté et conseil de la volonté de Dieu,
par lequel il nous a élus de toute éternité, tant à la grâce qu’à la gloire, tant au salut
qu’à la voie du salut qu’il a préparée afin que nous cheminions en elle.
IX.
Cette élection-là s’est faite, non point en considération de la foi prévue, de
l’obéissance de la foi, de la sainteté, ou de quelque autre bonne qualité ou
disposition, qui seraient la cause ou la condition préalablement requise en l’homme
qui devait être élu; mais au contraire, pour donner la foi, l’obéissance de la foi, la
sainteté, etc. C’est pourquoi l’élection est la fontaine de tout bien salutaire, de
laquelle découlent la foi, la sainteté et les autres dons salutaires, bref la vie éternelle
même, comme les fruits et les effets de celle-ci, selon le dire de l’Apôtre: Il nous a
élus (non parce que nous étions saints, mais) pour que nous soyons saints et sans
défaut devant lui (Ep 1:4).
X.
La cause de cette élection gratuite est le seul bon plaisir de Dieu. Elle ne consiste
point en ce qu’il a choisi pour condition du salut certaines qualités ou actions
humaines, parmi toutes celles qui sont possibles; mais en ce que, du milieu de la
commune multitude des pécheurs, il a pris à soi en héritage particulier un certain
nombre de personnes, ainsi qu’il est écrit: Car les enfants n’étaient pas encore nés,
et ils n’avaient fait ni bien ni mal, etc., il lui fut dit (à savoir Rébecca): L’ainé sera
asservi au plus jeune, selon qu’il est écrit: J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Esaü (Rm
9:11). Et: Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent (Ac 13:48).
XI.
Et comme Dieu lui-même est très sage, immuable, connaissant toutes choses, et
tout-puissant, de même l’élection qu’il a faite ne peut être ni interrompue, ni
changée, ni révoquée, ni annulée, et les élus ne peuvent être rejetés ni le nombre de
ceux-ci diminué.
XII.
Les élus sont, en temps opportun, rendus certains de cette élection dont ils sont
l’objet – élection éternelle et immuable au salut – quoique ce soit par degrés et dans
une mesure inégale; non pas en sondant avec curiosité les secrets et les profondeurs
de Dieu, mais en prenant conscience en eux-mêmes, avec une joie spirituelle et une
sainte liesse, des fruits infaillibles de l’élection distingués dans la Parole de Dieu,
comme le sont la vraie foi en Jésus-Christ, la crainte filiale envers Dieu, la tristesse
selon Dieu, la faim et la soif de justice, etc.
XIII.
De la certitude et de l’appréhension intérieures de cette élection, les enfants de Dieu
prennent de jour en jour une plus grande matière de s’humilier devant Dieu,
d’adorer l’abîme de ses miséricordes, de se purifier eux-mêmes; d’aimer aussi très
ardemment de leur côté celui qui, le premier, les a tellement aimés.
Ils s’en faut donc de beaucoup que, par cette doctrine de l’élection et par sa
méditation, ils soient rendus plus paresseux, ou charnellement nonchalants à garder
les commandements de Dieu. C’est ce qui arrive ordinairement, par un juste
jugement de Dieu, à ceux qui, ou présumant témérairement, ou jasant à plaisir et
avec pétulance de la grâce de l’élection, ne veulent point cheminer dans les voies
des élus.
XIV.
Or, puisque cette doctrine de l’élection divine, selon le très sage conseil de Dieu, a
été prêchée par les Prophètes, Jésus-Christ lui-même et les Apôtres, tant aux
époques de l’Ancien que du Nouveau Testament, et ensuite rédigée par écrit dans
les saintes Ecritures, elle doit, encore aujourd’hui, être publiée dans l’Eglise de Dieu
-à laquelle elle est spécialement destinée – avec un esprit de prudence,
religieusement et saintement, en temps et lieu, en écartant toute indiscrète
recherche des voies du Dieu souverain; le tout à la gloire du saint Nom de Dieu, et
pour la vive consolation de son peuple.
XV.
Au reste, l’Ecriture sainte rend d’autant plus illustre et recommandable cette grâce
éternelle et gratuite de notre élection, qu’elle témoigne, en outre, que tous les
hommes ne sont point élus, mais qu’il y en a de non élus, ou qui ne sont point fait
participants de l’élection éternelle de Dieu; à savoir ceux que Dieu, selon son bon
plaisir très libre, très juste, irrépréhensible et immuable, a décidé de laisser dans la
misère commune, où ils se sont précipités par leur propre faute, et de ne pas leur
donner la foi salutaire, ni la grâce de la conversion; mais, les ayant abandonnés
dans leurs voies, et sous un juste jugement, de les condamner et de les punir
éternellement, non seulement à cause de leur infidélité, mais aussi pour tous leurs
autres péchés, et cela pour la manifestation de sa justice.
C’est là le décret de la réprobation, lequel ne fait nullement Dieu auteur du péché
(ce qu’on ne peut pas penser sans blasphème), mais le montre juge redoutable,
irrépréhensible et juste, et vengeur du péché.
XVI.
Ceux qui ne sentent pas encore efficacement en eux une vive foi en Jésus-Christ, ou
une confiance certaine du coeur, une paix de la conscience, un soin et souci d’une
obéissance filiale, et une glorification en Dieu par Jésus-Christ, mais qui néanmoins
se servent des moyens par lesquels Dieu a promis d’effectuer ces choses en nous:
ceux-là ne doivent pas perdre courage quand ils entendent parler de la réprobation,
ni se mettre au rang des réprouvés. Au contraire, ils doivent persévérer
soigneusement dans l’usage de ces moyens, désirer ardemment l’heure d’une grâce
plus abondante, et l’attendre en toute révérence et humilité.
Beaucoup moins encore doivent être épouvantés par la doctrine de la réprobation
ceux qui, bien qu’ils désirent sérieusement se convertir à Dieu, lui plaire
uniquement, et être délivrés de ce corps de mort, ne peuvent toutefois encore
parvenir aussi avant qu’ils voudraient dans le chemin de la piété et de la foi,
puisque Dieu, qui est miséricordieux, a promis qu’il n’éteindra point le lumignon
qui fume, ni ne brisera le roseau cassé.
Mais cette doctrine est à bon droit en effroi à qui, ayant mis en oubli Dieu et le
Sauveur Jésus-Christ, se sont entièrement asservis aux sollicitudes de ce monde et
aux convoitises de la chair, aussi longtemps qu’ils ne se convertissent point à Dieu.
XVII.
Et puisqu’il nous faut juger de la volonté de Dieu par sa Parole, laquelle témoigne
que les enfants des fidèles sont saints, non pas certes de nature, mais par le bienfait
de l’alliance de grâce en laquelle ils sont compris avec leurs père et mère: les pères
et mères qui craignent Dieu ne doivent pas douter de l’élection et du salut de leurs
enfants que Dieu retire de cette vie pendant leur enfance.
XVIII.
Si quelqu’un murmure contre cette grâce de l’élection gratuite et contre la sévérité
de cette juste réprobation, nous lui opposons ce dire de l’Apôtre: Toi plutôt, qui estu
pour discuter avec Dieu? (Rm 9:20); et celui de notre Sauveur: Ne m’est-il pas
permis de faire de mes biens ce que je veux? (Mt 20:15)
Mais quant à nous, qui adorons religieusement ces mystères, nous nous écrions
avec l’Apôtre: O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de
Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles! En effet,
qui a connu la pensée du Seigneur? Ou qui a été son conseiller? Qui lui a donné le
premier, pour qu’il ait à recevoir en retour? Tout est de lui, par lui, et pour lui! A
lui la gloire dans tous les siècles. Amen! (Rm 11:33-36)
Rejets des erreurs
La doctrine orthodoxe de l’élection et de la réprobation ayant été exposée, le synode
rejette les erreurs de :
I.
Ceux qui enseignent: Que la volonté de Dieu de sauver ceux qui croiront et
persévéreront dans la foi et l’obéissance de la foi, est le total et entier décret de
l’élection au salut, et que rien d’autre n’est révélé dans la Parole de Dieu
concernant ce décret.
En effet, ceux-ci trompent les gens simples, et s’opposent manifestement à
l’Ecriture sainte qui témoigne non seulement que Dieu veut sauver ceux qui
croiront, mais aussi que, de toute éternité, il a choisi certaines personnes pour, en
temps opportun, leur donner plutôt qu’aux autres la foi en Jésus-Christ et la
persévérance, comme il est écrit: J’ai manifesté ton Nom aux hommes que tu m’as
donnés (Jn 17:6), de même: Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle
crurent (Ac 13:48); et: Il nous a prédestinés avant la fondation du monde, pour que
nous soyons saints et sans défaut devant lui (Ep 1:4), etc.
II.
Ceux qui enseignent: Que l’élection de Dieu à la vie éternelle est de plusieurs
sortes: l’une, générale et indéfinie; l’autre, particulière et définie. Que cette
élection est donc ou bien incomplète, invocable, non péremptoire, mais
conditionnelle; ou bien complète, irrévocable, péremptoire ou absolue. De
même: Qu’autre est l’élection à la foi, autre celle au salut, de telle sorte que
l’élection à la foi justifiante peut exister sans l’élection péremptoire au salut.
Tout cela n’est qu’une invention du cerveau humain, forgée en dehors des Ecritures,
qui corrompt la doctrine de l’élection, et brise cette chaîne d’or de notre salut: Ceux
que Dieu a prédestinés, il les a aussi appelés, et ceux qu’il a appelés, il les a aussi
justifiés, et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés (Rm 8:30).
III.
Ceux qui enseignent: Que le bon plaisir et le propos arrêté de Dieu, dont l’Ecriture
fait mention dans la doctrine de l’élection, ne consiste point en ce que Dieu ait
choisi certaines personnes plutôt que les autres, mais en ce que, de toutes les
conditions possibles (parmi lesquelles sont aussi les œuvres de la Loi), ou du rang
de toutes choses, Dieu a choisi l’acte de la foi, quoique vil en soi, et l’obéissance
imparfaite de la foi comme la condition du salut, et que c’est par grâce qu’il a
voulu le considérer comme une obéissance parfaite, et le juger digne d’être
récompensé par la vie éternelle.
Car, par cette pernicieuse erreur, le bon plaisir de Dieu et le mérite de Jésus-Christ
sont détruits, les hommes sont détournés par des questions inutiles de la vérité de la
justification gratuite, et de la simplicité des Ecritures; et cette déclaration de
l’Apôtre est accusée de faux: C’est lui qui nous a sauvés et nous a adressé un saint
appel, non à cause de nos œuvres, mais à cause de son propre dessein et de la
grâce qui nous a été donnée en Christ-Jésus avant les temps éternels (2 Tm 1:9).
IV.
Ceux qui enseignent: Qu’en l’élection à la foi, est requise auparavant cette
condition: que l’homme use droitement de la lumière naturelle, qu’il soit homme de
bien, humble et disposé à la vie éternelle, comme si en quelque sorte l’élection
dépendait de ces choses.
Car cela sent l’opinion de Pélage, et taxe trop ouvertement de fausseté l’Apôtre,
quand il dit: Nous tous aussi, nous étions de leur nombre et nous nous conduisions
autrefois selon nos convoitises charnelles, nous exécutions les volontés de notre
chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère comme les
autres.
Mais Dieu est riche en miséricorde et, à cause du grand amour dont il nous a
aimés, nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés – il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir
ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus, afin de montrer dans les siècles à
venir la richesse surabondante de sa grâce par sa bonté
envers nous en Christ-Jésus.
C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne
vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que
personne ne se glorifie (Rm 2:3-9).
V.
Ceux qui enseignent: Que l’élection incomplète et non péremptoire des personnes
particulières au salut, s’est faite parce que Dieu aurait prévue la foi, la conversion,
la sainteté et la piété commencées ou continuées pendant un certain temps. Mais
que l’élection complète et péremptoire s’est faite pour avoir prévu la persévérance
finale de la foi, de la conversion, de la sainteté et de la piété. Et qu’en cela se
trouve la dignité gratuite et évangélique, pour laquelle celui qui est élu est plus
digne que celui qui n’est pas élu; et, par conséquent, que la foi, l’obéissance de la
foi, la sainteté, la piété et la persévérance ne sont pas les fruits ou les effets de
l’élection immuable à la gloire, mais les conditions et les causes, sans lesquelles
l’élection ne pourrait pas se faire; et que ces conditions ou causes sont
préalablement requises et prévues, comme si elles étaient déjà accomplies en ceux
qui devront être complètement élus.
Ceci contredit toute l’Ecriture qui, en divers endroits, inculque à nos oreilles et à
nos cœurs des affirmations telles que celles-ci, et d’autres semblables: L’élection
qui dépend non des œuvres, mais de celui qui appelle (Rm 9:12); Tous ceux qui
étaient destinés à la vie éternelle crurent (Ac 13:48); En lui, Dieu nous a élus avant
la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui (Ep
1:4); Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi, je vous ai choisis (Jn 15:16); Si
c’est par la grâce, ce n’est plus par des œuvres (Rm 11:6); Et cet amour consiste
non pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et qu’il a
envoyé son Fils. (1 Jn 4:10)
VI.
Ceux qui enseignent: Que toute élection au salut n’est point immuable, mais que
quelques élus, nonobstant tout autre décret de Dieu, peuvent périr, et périssent
éternellement.
Par cette grossière erreur, ils font Dieu muable, et renversent la consolation des
fidèles touchant la fermeté de leur élection; ils contredisent les saintes Ecritures, qui
enseignent: Que les élus ne peuvent être séduits (Mt 24:24); que Christ ne perd
point ceux qui lui sont donnés du Père (Jn 6:39); que ceux que Dieu a prédestinés,
appelés, justifiés, il les glorifie aussi (Rm 8:30).
VII.
Ceux qui enseignent: Que durant cette vie, il ne revient de l’immuable élection à la
gloire aucun fruit, aucun sentiment, aucune certitude, sinon ceux qu’on peut avoir
d’une condition muable et contingente.
C’est en effet une chose absurde de concevoir une certitude qui soit incertaine. Cela
s’oppose à l’expérience des saints qui, avec l’Apôtre, s’égayent au sentiment de leur
élection et célèbrent ce bienfait de Dieu; qui, avec les disciples, se
réjouissent (suivant l’admonition de Jésus-Christ) de ce que leurs noms sont écrits
dans les cieux (Lc 10:20); bref, qui opposent le sentiment de l’élection aux dards
enflammés des tentations du diable, en demandant: Qui accusera les élus de Dieu?
(Rm 8:33).
VIII.
Ceux qui enseignent: Que Dieu, de sa seule et juste volonté, n’a point décidé de
laisser aucun homme dans la chute d’Adam et dans l’état commun du péché et de la
condamnation, ou de le négliger dans la communication de la grâce nécessaire à la
foi et à la conversion.
Car cela demeure: Dieu fait miséricorde à celui qu’il veut, et il endurcit celui qu’il
veut (Rm 9:18). De même: Il vous est donné de connaître les mystères du Royaume
des Cieux et qu’à eux cela n’a pas été donné (Mt 13:11). Et encore: Je te loue, Père,
Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux
intelligents et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce
que tel a été ton bienveillant dessein
(Mt 11:25-26).
IX.
Ceux qui enseignent: Que la cause pour laquelle Dieu envoie l’Evangile plutôt à
une nation qu’à une autre, n’est pas le seul et unique bon plaisir de Dieu, mais
parce qu’une nation est meilleure et plus digne que celle à laquelle l’Evangile n’est
point communiqué.
Car Moïse y contredit, en parlant ainsi au peuple d’Israël: Voici, qu’à l’Eternel, ton
Dieu, appartiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qui s’y
trouve. Et c’est à tes pères seulement que l’Eternel s’est attaché pour les aimer; et,
après eux, c’est leur descendance, c’est vous qu’il a choisis d’entre tous les peuples,
comme (vous le voyez) aujourd’hui (Dt 10:14-15). Et Jésus-Christ: Malheur à toi,
Chorazin! Malheur à toi, Bethsaïda! Car, si les miracles faits au milieu de vous
avaient été faits à Tyr et à Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties
avec le sac et la cendre (Mt 11:21).