Le texte des Canons de Dordrecht est mis à disposition par les Éditions Kerygma, en 8 articles sur ce blog, article 1.
EXTRAITS DE LA PRÉFACE AUX CANONS DE DORDRECHT
Parmi plusieurs consolations que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ a données à son Église militante dans son douloureux pèlerinage, est à bon droit estimée comme l’une des principales, celle qu’il lui a laissée, étant sur le point de retourner vers son Père dans le Sanctuaire céleste :
« Je suis toujours avec vous, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28:20).
La vérité de cette très douce promesse est apparue dans l’Église de tous les temps. Car ayant, dès le commencement, été assaillie, non seulement par la violence ouverte des ennemis et par l’impiété des hérétiques, mais aussi par l’astuce couverte des séducteurs, si le Seigneur l’eût destituée de l’aide salutaire de sa présence qu’il lui a promise, elle eût depuis longtemps été ou oppressée par l’effort des tyrans, ou séduite, pour sa perdition, par la fraude des imposteurs.
Ainsi, notre fidèle Sauveur a fait paraître en notre temps sa présence favorable à l’Église de ces Pays-Bas, grandement affligée depuis plusieurs années déjà. Car… cette Église étant très florissante, à cause du bon accord qu’on y voit, en vraie doctrine et discipline, à la louange de son Dieu, pour l’admirable accroissement de la République, et la joie de la Chrétienté réformée, il est advenu que Jacques Arminius et ses sectateurs, ayant pris le nom de Remonstrants, l’ont d’abord sollicitée couvertement, puis après tout ouvertement attaquée par diverses erreurs, tant anciennes que nouvelles. Et même, l’ayant troublée opiniâtrement par des dissensions et des schismes scandaleux, l’ont amenée dans un danger tel que ces Églises très florissantes eussent été finalement consumées par l’horrible embrasement des dissensions et des schismes, si la commisération de notre Sauveur n’y fût à point intervenue.
Mais béni soit à jamais le Seigneur qui, après avoir pour un moment détourné sa face de nous (qui avions provoqué en diverses sortes sa colère et son indignation), a témoigné au monde entier qu’il ne met point en oubli son Alliance, et ne méprise point les soupirs des siens. Car… il lui a plu d’inspirer aux très illustres et très puissants Seigneurs les États des Provinces-Unies cette sainte volonté que, par le conseil et la conduite du très illustre et très magnanime Prince d’Orange, ils ont résolu d’obvier à ces maux furieux par des moyens légitimes, dès longtemps approuvés par la pratique des Apôtres et des Églises chrétiennes qui les ont suivis depuis, moyens dont les Églises mêmes de ces Provinces-Unies se sont déjà servis avec grand fruit.
Par leur autorité, ils ont donc convoqué à Dordrecht, un Synode de toutes les Provinces placées sous leur commandement, ayant préalablement requis, par la faveur du Sérénissime Jacques Roi de la Grande-Bretagne, etc., et des très illustres Princes, Comtes illustres, et puissantes Républiques, et obtenu plusieurs très graves théologiens, afin que – par le commun jugement de tant de gens doctes et théologiens de l’Église réformée – ces dogmes d’Arminius et de ses sectateurs fussent mûrement examinés, et qu’il en fût jugé par la seule Parole de Dieu ; afin aussi que la vraie doctrine étant établie et la fausse rejetée, par la bénédiction divine, la concorde, la paix et la tranquillité fussent restituées aux Églises des Pays-Bas. C’est là le bienfait dont se réjouissent lesdites Églises, reconnaissant en toute humilité, et louant avec action de grâces, les fidèles commisérations de leur Sauveur.
Ce vénérable synode donc (après avoir, par l’autorité du Souverain Magistrat, publié et célébré certain jour de jeûne et de prière dans toutes les Églises de ces Provinces, pour éviter la colère de Dieu et demander son secours favorable), étant assemblé à Dordrecht, embrasé de l’amour de Dieu et d’un ardent désir du salut de l’Église ;
- S’étant après l’invocation du nom de Dieu obligé par un saint serment, qu’en ce jugement il ne suivrait d’autre règle que la seule Écriture sainte, et s’emploierait en la connaissance et jugement de toute cette cause, en bonne et saine conscience ;
- Après avoir aussi fait citer les principaux chefs et défenseurs de ces dogmes, il s’est employé soigneusement, avec une grande patience, à les inciter à exposer plus amplement leur sentiment sur les Cinq points de Doctrine, si connus, ainsi que les raisons de leur opinion.
Mais, comme ils rejetaient le jugement du Synode, et refusaient de répondre aux interrogatoires de la manière qu’il convenait ; comme ils ne tinrent aucun compte des commandements des très honorables Députés des Seigneurs les États Généraux, ni des mandements desdits illustres, hauts et puissants Seigneurs, les États Généraux eux-mêmes ;
- Le Synode a été contraint de suivre une autre voie, par le commandement desdits Seigneurs, selon la coutume depuis longtemps reçue des anciens Synodes. On a donc fait l’examen de ces Cinq points de Doctrine, sur les écrits, confessions et déclarations, partie mis auparavant en lumière, partie aussi exhibés à ce Synode. Ce qu’étant maintenant achevé par la singulière grâce de Dieu, non sans une exquise diligence, en toute fidélité et bonne conscience, avec un très grand accord et consentement de tous et de chacun de ceux qui y ont assisté :
- Ce Synode, pour la gloire de Dieu, et afin de pourvoir au maintien de la Vérité salutaire, à la tranquillité des consciences et à la paix et conservation de l’Église de ces Pays, a trouvé expédient de publier le Jugement qui s’ensuit, par lequel est, d’une part, exposé le sentient s’accordant avec la Parole de Dieu concernant ces Cinq points de Doctrine ; et d’autre part, est rejeté celui qui est faux et contredit la Parole de Dieu.
La transcription des Extraits de la Préface, et des Cinq articles de Doctrine, en orthographe et français modernisés est de Pierre Ch. Marcel.